La Cédéao : entre succès et échecs

Deux coups d'Etat au Mali, puis en Guinée et au Burkina Faso en l'espace de 18 mois... La zone Cédéao connaît une zone de turbulence. "Avec ce coup d'Etat au Burkina Faso, il est clair qu'une élection ne suffit plus pour garantir la stabilité en Afrique", estime Oulata Gaho, ancien colonel de l'armée ivoirienne, qui pointe aussi la dépendance des Etats ouest-africains par rapport à la France.

La Cédéao a vigoureusement condamné le putsch dirigé par le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba au Burkina le 24 janvier. Un sommet virtuel des pays membres doit se tenir vendredi (28.01.2022). À l'instar du Mali et de la Guinée, la Cédéao devrait suspendre le Burkina Faso de ses instances et pourrait imposer des sanctions aux putschistes.

Les pourparlers avec la junte militaire au pouvoir dirigée par le colonel Assimi Goita sont au point mort. L’organisation vient de durcir les sanctions contre la junte après sa décision d'organiser des élections en 2026. La Cédéao a en effet fermé les frontières avec le Mali au sein de l’espace sous-régional et suspendu les échanges commerciaux autres que les produits de première nécessité.

En septembre 2021, les dirigeants des Etats ouest-africains ont suspendu la Guinée de leur organisation régionale trois jours après le coup d'Etat militaire contre Alpha Condé. Ils ont également sanctionné les leaders de la junte en gelant leurs avoirs financiers et ceux de leurs familles. La junte refuse toujours de rendre le pouvoir.

Elle a ramené la stabilité dans le pays. L’Ecomib, force de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest pour la stabilité et la sécurité en Guinée-Bissau, avait été envoyée après le coup d’État d’avril 2012 qui déposait le Premier ministre Carlos Gomes Junior. La mission était chargée de protéger les institutions et les édifices publics. La mission est arrivée à terme en novembre 2020.

En 2017, des troupes armées de la Cédéao forcaient le départ en exil de Yayah Jammeh vers la Guinée Équatoriale. Pour une fois, la Cédéao était allée au bout de ses intentions. Le bilan est positif puisque le pays est aujourd’hui en paix. La mission Ecomig (mission de la Cédéao en Gambie) est encore présente sur le territoire à la demande des autorités actuelles au pouvoir.

Il devait voir le jour en 2020 et remplacer le franc CFA de l’UEMOA mais a été repoussé à une date ultérieure après les critiques qui ont suivi le projet. La vraie raison du report reste le critère de convergence de l'ECO entre Etats. Le Nigeria a récemment demandé à repousser la sortie de la monnaie. L’intégration monétaire voulue par la Cédéao grâce à cette monnaie unique reste compliquée.