L'Afrique dans le viseur

L'une des photos candidates au "Prix du public pour les droits de l'Homme en Afrique" vient du Nigeria. Elle montre des enfants de Makoko rentrant de l'école. Leur bidonville est construit sur pilotis sur la lagune de Lagos. L'éducation compte parmi les armes les plus efficaces contre la pauvreté. Dans ce bidonville sur l'eau, ces écoliers font figure d'exception.

Toujours à Lagos, un chauffeur de taxi-moto implore pardon. Pour protester contre son interpellation, il s'était déshabillé. En 2012, la municipalité de la capitale économique nigériane a interdit les taxis-motos dans la ville. La police est souvent critiquée pour son recours à la force et sa brutalité.

Des journalistes somaliens protestent contre l'arrestation et l'assassinat de confrères. Cette manifestation-ci a eu lieu contre l'arrestation d'un reporter : il avait interviewé une femme violée par des soldats gouvernementaux. En 2012, en Somalie, 18 journalistes ont été tués. Le pays est considéré comme l'un des plus dangereux au monde pour la profession.

A 87 ans, la Sud-Africaine Nikiwe Masango, de Jambeni, a été victime de violence sexuelle. Une nuit, elle a été réveillée par un homme couché sur elle : "Il a dû m'anesthésier avec des produits tellement je dormais profondément". Elle raconte avoir été violée toute la nuit. "Il m'a ordonné de me cacher les yeux pour que je ne puisse pas le reconnaître plus tard", raconte-elle.

Ce Sud-Africain a passé plus de vingt ans derrière les barreaux. Chaque tatouage de son visage dit quelque chose de son statut et de son rang au sein d'un gang. Ce portrait montre à quel point chaque être humain recèle une part de beauté, quelles que soient ses conditions de vie.

Zeituni tient fièrement son bébé dans les bras. L'enfant et la maman vont bien. Zeituni a pu accoucher dans le petit centre de santé situé à quelques mètres seulement de sa case. Ce centre se trouve dans le village de Diff, dans la zone frontière entre le Kenya et la Somalie. C'est la seule maternité de toute la région.

Un homme est traîné dans la rue d'un township du Cap. Juste avant, il a été tabassé par une foule en colère, qui lui reprochait d'avoir volé un téléphone portable. L'homme a été transporté plus tard à l'hôpital par la police. Mais personne n'a été interpellé. Ses espoirs de bénéficier d'un procès équitable ont été à proprement parler foulés au pied.

Cette mère de sept enfants pleure dans la rue. Elle et les membres de sa famille ont été chassés de force de leur maison à N'Djamena, la capitale du Tchad, pour permettre la construction d'un hôtel de luxe à l'emplacement où ils logeaient. Près de 670 personnes ont été ainsi "déguerpies" et leurs maisons détruites. Personne n'a obtenu de dédommagements - pas même cette femme.

Les forces de sécurité emportent le militant kenyan Boniface Mwangi. Il avait traité un syndicaliste de "traître" pendant un discours. Mwangi a été battu et mis en garde à vue. Ce qu'on lui reproche : avoir abusé de sa liberté d'expression.

Ces villageois de Jatokrom, dans le nord du Ghana, ont parcouru plusieurs kilomètres pour chercher de l'eau dans un lac artificiel. Le fleuve qui arrosait leurs champs est à sec. Le lac de retenue est aussi utilisé pour désaltérer et baigner le bétail, et son eau n'est donc pas saine pour l'Homme. Des millions de personnes n'ont toujours pas accès à l'eau potable au Ghana.

Un jeune garçon saute par-dessus une rangée de cabines de toilettes, à Khayelitsha, près de la ville sud-africaine du Cap. Aller aux toilettes, quand on habite un bidonville, c'est un vrai cauchemar. Souvent, les installations débordent, l'hygiène y est très mauvaise faute d'entretien. A cause de l'insécurité, de nombreuses personnes préfèrent utiliser un seau la nuit.