Les nombreuses zones d'ombre autour de l'attentat de Beni – DW – 27/12/2021
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Les nombreuses zones d'ombre autour de l'attentat de Beni

27 décembre 2021

L’attentat s'est produit le jour de Noël malgré les opérations militaires des armées congolaise et ougandaise.

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Au moins sept personnes sont mortes dans l'attaque contre un restaurant à Beni
Image : Xinhua/picture alliance

Depuis l'attentat-suicide perpétré ce samedi 25 décembre en plein centre-ville de Beni et qui a fait sept morts et 20 blessés, les habitants vivent dans la peur et semblent ne plus oser se rassembler dans les lieux publics.

Cet attentat survient après l’explosion d’une bombe artisanale le 27 juin dernier dans une paroisse dans de Beni.

"Il faut insister dans le domaine des renseignements civils et militaires " ( Marcel Héritier Kapitene)

Pour Christophe Vogel, chercheur à l’Université de Gand en Belgique, il est assez difficile de situer l’attaque. "Pour l’instant, si l'on écoute les témoins sur place, il existe encore des versions discordantes. Il y a des sources qui parlaient d’un accident, néanmoins le scénario privilégié reste celui d’une attaque avec une bombe dans le contexte d’une attaque kamikaze", explique l’enseignant, tout en rappelant qu’à l’heure actuelle, une enquête reste primordiale. "Nous n’avons ni une enquête officielle de la part du gouvernement congolais, ni une enquête de la police scientifique de la mission onusienne, donc nous sommes encore au niveau  de la triangulation des différents témoignages," souligne M. Vogel.

L'état de siège mis à mal ?

Le Nord-Kivu et la province voisine de l'Ituri sont depuis le mois de mai sous état de siège. Une mesure exceptionnelle qui a donné les pleins pouvoirs aux militaires, mais qui pour l’heure n'a pas permis d’arrêter les exactions des groupes armés.

Adolphe Agenonga est professeur à l'université de Kisangani et chercheur associé du Groupe de recherche et d’information sur la paix et la sécurité (GRIP). Il insiste sur les failles au sein même du dispositif sécuritaire déployé dans la région. "Il y a lieu de souligner que dans cette région, toutes ces attaques ont jeté une lumière crue sur la déficience des renseignements et les moyens d’action des forces de sécurité. Plusieurs attaques ont eu lieu mais les services de sécurité n’ont pas pu être en mesure de les anticiper ou de les prévenir. Par ailleurs, il y a lieu de noter que les unités qui sont déployées dans la région ne seraient pas préparées à faire face à des attaques terroristes," confie-t-il à la DW.

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Infiltration de l'ennemi

La collaboration entre les civils et les militaires, mais aussi le rôle primordial des renseignements, restent essentiels selon Marcel Héritier Kapitene, ressortissant de Beni et membre du mouvement citoyen Lucha. "A mon avis, cela ne vaut pas la peine de disperser les efforts au sein de l’administration civile, alors qu’on peut les concentrer sur des opérations purement sécuritaires et essayer de garder le gros des troupes dans un cadre opérationnel plutôt que d’en faire du personnel administratif", analyse l’activiste qui opte plutôt pour un renforcement du service des renseignements.

"Il faut insister dans le domaine des renseignements civils et militaires mais aussi dans la multiplication des check-points pour qu’il n’y ait pas trop d’infiltrations. Apparemment, l’ennemi est en train de subir une certaine pression dans le nord de Beni et s’infiltre de plus en plus vers l’ouest."

Lire aussi : RDC : l'armée ougandaise autorisée à venir combattre les ADF

Le 26 décembre, au moins deux civils ont été tués dans une attaque attribuée aux ADF dans le territoire de Beni au Nord Kivu. A Kinshasa, ce lundi, le Premier ministre Sama Lukonde a présidé une réunion de crise suite à l’attentat qui a eu lieu le jour de Noel à Beni.

DW-Redaktion Afrika-Französisch
Wendy Bashi Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welle@WenBash